20 ans

Il y a vingt ans de ça, je pensais que j'allais m'en sortir. J'avais un travail. J'étais en contrat-emploi-solidarité, c'est vrai. Mais je devais rester deux ans et pour moi, c'était énorme. Et il y avait possibilité d'embauche... Le rêve.
Même si dans ma vie tout n'était pas un rêve, j'avais des raisons d'espérer, qu'enfin, j'apercevrais le bout du tunnel. J'aimais une jeune femme. Elle voyait que je m'en sortais et commençait à s'intéresser à moi.
J'avais débuter une formation via mon emploi en contrat CES. C'est d'ailleurs à cause de ça que j'ai commencé à douter. Ce stage qu'on me proposait n'était pas adapter aux personnes en contrat CES. Mais ça, c'est une autre histoire.
Je bossais durement à mon travail. Toujours en avance. Rarement en retard. Toujours volontaire et mon métier me plaisait malgré qu'on me faisait toujours sentir que je n'étais pas des leurs.
Assez de mystères sur mon métier. Je travaillais à la bibliothèque inter-universitée de Droit de Nancy. Je me donnais à fond et j'aimais ça. Je faisais réellement mes heures et je ne me plaignais pas. Mais je n'étais pas magasinier-bibliothécaire et encore moins fonctionnaire. J'aurais aimé moi. Il n'y a aucune honte d'être fonctionnaire. En fait, j'aurais aimer l'être. Pas pour les avantages. Mais pour servir mon pays. Car l'emploi dans la Fonction Publique c'est servir la République. Et il faut le faire de tout son coeur et avec conviction pour servir les citoyens. Voilà ce que représente pour moi être fonctionnaire.
Mais la fonction publique n'aime pas les gens comme moi. Je suis tellement naïf. Tellement idéaliste.
J'espérais vraiment m'en sortir en 1998.
Mais les braves haut-fonctionnaires en ont décidé autrement.
Mon contrat devait durer deux ans. Finalement, il a été racourcit à 12 mois. Tous mes espoirs se sont évanouis. Pourtant, j'ai continué à croire que la chance se présenterait.

Mais en cette même année 1998, j'ai tout perdu. Mon contrat. La femme que j'aimais. Mes illusions.

On ne m'a pas donner ma chance. Et même si j'ai cru longtemps après cette fatidique année-là, aujourd'hui je ne crois plus en rien et mes espoirs depuis huit ans ont été réduit à néan.

Je n'ai pas le droit d'exister. Je ne trouverai jamais le bonheur. Je n'aurai jamais de famille. Je n'aurai jamais de retraite. Je ne serai plus jamais considéré et je ne me sens pas en tant que tel comme un véritable citoyen. La ville où je vis m'écoeure et le mot est encore faible.

La mort serait presque une délivrance après toutes les injustices que j'ai subit injustement et gratuitement !
J'y pense souvent. En ce moment tout m'écoeure deux fois plus. Je suis totalement isolé.

Aller en enfer me semblera le Paradis. Mais partir seul devant toutes les injustices que j'ai subit ne suffira pas à encrer dans la tête toute la souffrance que je porte en moi et qui m'étouffe et me torture chaque jour, chaques nuit.

J'ai envie de créer l'enfer pour un jour au moins. J'ai envie de faire connaître l'enfer à cette ville qui n'a cessé de me rejeter. Le feu efface tout. On aurait pas dû m'humilier. Ils n'auraient jamais dû faire ça...

Je n'ai plus d'espoir. Même si demain j'avais un petit travail, cela ne suffirait pas à effacer toute ma souffrance. Seule, une haute situation qui me soit enviable pourrait appaiser ma souffrance et la haine que je porte en moi. Mais je ne pourrai jamais pardonner. Jamais.

Alors si un miracle du ciel ne se produit pas pour moi et ne m'accorde pas une véritable chance de m'en sortir favorablement dans ma vie, j'apporterai l'enfer sur cette ville avec la fin de ma vie.

Je suis fatigué que cette société me rejette.

J'ai mis du temps à publier ce billet.